L'affaire Larry Craig

Nos amis américains sont décidement fascinants. L'affaire est en cours, je m'excuse d'avance au cas où je n'en aurais pas compris tous les détails. N'hésitez pas à aller voir l'article de Wikipédia concernant monsieur Larry Craig, sénateur de l'Idaho aux États-Unis.
Membre du parti républicain, ardent défenseur des "valeurs familiales", à ce titre fervant miltant anti-gay, fameux pour être à l'origine de la loi qui exclut tout membre de l'armée dont on sait qu'il a eu ou tenté d'avoir des relations homosexuelles, Larry Craig a été surpris en pleine drague gay dans les toilettes de l'aéroport de Minneapolis.
Bien sûr depuis la presse américaine, de tout bord, s'est déchaînée contre cet hypocrite, et le sénateur a dû démissioner.

Mais le plus intéressant est dans la manière dont son homosexualité fut révélée. Il y a tellement d'élements déroutants que je préfère les lister méthodiquement.

1/ Les toilettes de l'aéroport de Minneapolis étaient un lieu de rencontres gay. La police soupçonnait que des comportements indécents (un délit nommé lewd behavior) y avaient lieu. J'ai du mal à trouver formidablement indécent de s'envoyer en l'air dans une cabine, au point de dépêcher une enquête, en fait c'est même plutot boffement indécent, on aurait préféré le tarmac ou les chaises vibrantes dans les salons d'attentes de l'aéroport. Mais pour la police locale cela était suffisant pour placer un policier en civil dans un des wc.

2/ Larry Craig, que l'on imagine tout émoustillé, se rendit ce jour-là dans la cabine mitoyenne de celle du policier en planque, mais pas avec l'intention pure et louable d'utiliser les toilettes. Pour savoir si son voisin de cabine était intéressé par une relation sexuelle, il utilisa ce qu'on imagine être un code connu de tous : il passa son pied sous la cloison, tapota un peu le sol puis enfin tenta plus ou moins vainement d'exercer une caresse inter-chaussures.

3/ Et c'est tout. Cela fut suffisant pour arrêter Larry Craig, et le conduire jusqu'au procés où il plaida coupable de "comportement indécent" sans doute dans le but que l'affaire s'ébruite le moins possible.

Certes, personne n'est dupe de l'intention que le sénateur avait en faisant un tel geste ; il paraît alors tout à fait justifié que la presse et l'opinion réclament la tête d'un tel hypocrite. Mais il ne s'agit bien là que d'une intention, les faits étant minimes, intention pour laquelle il a été condamné.

Il semblerait donc qu'aux États-Unis, l'intention d'avoir une relation sexuelle dans un lieu public, même dans des circonstances atténuantes (caché par les cloisons des cabines), suffise pour être condamné. Je me demande si pour d'autres délits, l'intention suffit aussi, ou s'il s'agit d'une particularité pour les délits à caractère sexuel...

Ce qui est certain, c'est qu'il ne faut pas écouter son iPod dans les toilettes américaines, on risquerait de battre du pied sous une cloison par inadvertance !